Être atteinte de troubles anxieux, et perdre occasionnellement le contrôle : un témoignage bouleversant.

Parfois, je me dis que tous mes amis me détestent. Je me persuade que c’est le cas. Du moins, mon anxiété me persuade que c’est le cas. Je sais qu’ils m’aiment, mais il m’est difficile de ne pas me dire que mon anxiété pourrait les faire fuir, eux aussi.

Les entretiens me rendent généralement anxieuse. Si je ne suis pas anxieuse un jour d’entretien, alors je suis géniale, chaleureuse et volubile. Je sais quoi dire, parce que je suis spontanée.

Si je suis anxieuse, alors j’hésite, je me remets en question. J’oublie aussitôt toutes les raisons qui font de moi une candidate parfaite à un poste disponible. Et si l’entretien commence à partir en vrille, alors ça ne fait qu’empirer. Je me convaincs que je suis foutue.

« Tu n’auras pas le poste, de toute façon » m’explique mon anxiété.

Les relations amoureuses me rendent anxieuse. Pas les relations en tant que telles, mais comme mon anxiété est constamment présente, elle a un effet prononcé sur mes relations, comme sur tout le reste.

Lorsque l’on sort avec quelqu’un, cette personne devient une extension de vous-même, et comme mon anxiété est déjà une extension de moi, elle devient une extension de cette personne. J’ai constamment besoin d’attention, ce qui est difficile. Mes crises de panique sont désagréables : je pose énormément de questions, je pleure, je crie.

Certaines femmes ne réagissent pas comme ça, et ne demandent pas des réponses à toutes leurs questions. Elles ne sont pas forcément parfaites, mais leurs imperfections sont faciles à gérer, elles sont mignonnes et anecdotiques.

De par le passé, j’ai demandé à l’homme avec qui je sortais de ne pas laisser mon anxiété le faire fuir. Il m’a assuré qu’il ne fuirait pas. Raté.

Ce n’était pas une promesse, mais à mes oreilles anxieuses, ça y ressemblait pourtant.

La vie me rend anxieuse, de manière générale. Je pose des millions de questions, car sinon, j’ai peur de mal comprendre quelque chose, et de faire des erreurs. Si l’on me demande de faire quelque chose de nouveau, je panique.

Quelque chose de facile, comme faire des photocopies, devient « Et si je n’arrivais pas utiliser le photocopieur, ou bien qu’il n’y ait plus de papier, ou bien qu’il tombe en panne, ou explose ? » Faire un gâteau, les impôts, apprendre à conduire, trouver quoi faire de ma vie : vivre au quotidien est l’une des choses les plus anxiogènes imaginables.

Et c’est tout aussi difficile à vivre pour vous que pour moi. L’anxiété est épuisante. C’est compliqué, et tout sauf idéal. J’en ai conscience.

Parfois, mon anxiété me fait fuir. Je ne le veux pas, mais je n’ai pas le choix, et vous non plus.

Mon anxiété est comme une adolescente de quinze ans persuadée de savoir de quoi elle parle, alors qu’elle est immature, naïve, et ne saura jamais comment gérer son quotidien.

C’est comme de l’électricité traversant mon cerveau, sans interrupteur pour l’arrêter.

Ma poitrine s’emplit de terreur, et je ne peux plus respirer. Mon cerveau redevient infantile, et ne répond plus à la logique. Il voit des monstres partout, et personne ne peut le faire changer d’avis.