Être atteinte de troubles anxieux, et perdre occasionnellement le contrôle : un témoignage bouleversant.

Etre atteint de trouble anxieuxsource: elitedaily

Lorsque j’entends un bruit nocturne, je pense immédiatement que quelqu’un s’est introduit chez moi. Poster une lettre me terrifie. Danser m’angoisse.

Parfois, je me replie sur moi-même, et je perds la parole, car interagir avec autrui m’est difficile. Mon esprit se vide, car c’est trop de pression.

Certains jours, absolument tout me rend nerveuse. Les oiseaux, les fax, le métro, un coup de téléphone, dormir, manger, partir, rester : tout me rend anxieuse, y compris vous.

Est-ce que je suis bizarre ? Oui, mais ce n’est pas pour ça que poster une lettre me stresse.

J’ai un trouble anxieux, et cela m’effraie. Cela m’oblige à fuir d’innombrables choses.

Les gens me demandent parfois pourquoi je ne passe pas à autre chose. Ils le disent habituellement de manière plus douce et gentille, mais cela ne change pas le sens de leurs paroles.

Pourquoi en faire un tel cinéma ? Je ne devrais pas être dérangée à ce point par tout ça. Je devrais simplement cesser d’y penser.

Ils me disent que ce n’est pas si grave, et c’est ce que je me répète tous les jours, incessamment. Je sais que rien de tout cela n’est vraiment important, mais mon anxiété me dit le contraire, et mon anxiété a une voix très puissante.

J’ai toujours été anxieuse. Même lorsque j’étais plus jeune, je rongeais mes ongles, je tirais mes cheveux, et j’étais dévorée par l’anxiété. Je serai toujours anxieuse, mais je ne laisserai jamais mon anxiété me définir.

Je suis plus forte que cette anxiété, et je peux vivre avec elle. Je le sais pertinemment, mais je continue pourtant de paniquer.

Ça ne m’handicape pas vraiment. Si je ne vous l’avais pas dit, vous n’auriez probablement pas deviné mon état. Reste que je préfèrerais ne pas l’être, et que je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas faire autrement.

Le reste du monde ne le comprend pas non plus. Lorsque les gens voient une personne anxieuse, ils restent perplexes.

Faire la vaisselle me rend nerveuse ; à chaque fois que j’ai vécu avec des amis, la vaisselle sale a été un sérieux problème. Les vingtenaires n’aiment pas faire la vaisselle, mais mon anxiété m’a convaincue que la vaisselle sale peut m’infecter et me tuer.

J’essaie d’expliquer cela, mais mes amis se disent que je suis simplement maniaque de la propreté.

C’est difficile à expliquer et à comprendre, même pour moi.

J’arrive toujours en avance à un rendez-vous, car être à l’heure me semble être en retard. Tout le monde n’est pas comme ça (heureusement), et j’attends souvent mes amis.

Mon anxiété leur en veut, car ils sont en retard (ou plutôt, car ils m’obligent à être en retard), et je deviens alors irritable et larmoyante, sans autre raison que leur retard.

Pour mon anxiété, si quelque chose est prévu, alors on doit coller à la lettre à ces prévisions. Il ne faut pas chercher pourquoi. C’est comme ça.

Parfois, je me dis que tous mes amis me détestent. Je me persuade que c’est le cas. Du moins, mon anxiété me persuade que c’est le cas. Je sais qu’ils m’aiment, mais il m’est difficile de ne pas me dire que mon anxiété pourrait les faire fuir, eux aussi.

Les entretiens me rendent généralement anxieuse. Si je ne suis pas anxieuse un jour d’entretien, alors je suis géniale, chaleureuse et volubile. Je sais quoi dire, parce que je suis spontanée.

Si je suis anxieuse, alors j’hésite, je me remets en question. J’oublie aussitôt toutes les raisons qui font de moi une candidate parfaite à un poste disponible. Et si l’entretien commence à partir en vrille, alors ça ne fait qu’empirer. Je me convaincs que je suis foutue.

« Tu n’auras pas le poste, de toute façon » m’explique mon anxiété.

Les relations amoureuses me rendent anxieuse. Pas les relations en tant que telles, mais comme mon anxiété est constamment présente, elle a un effet prononcé sur mes relations, comme sur tout le reste.

Lorsque l’on sort avec quelqu’un, cette personne devient une extension de vous-même, et comme mon anxiété est déjà une extension de moi, elle devient une extension de cette personne. J’ai constamment besoin d’attention, ce qui est difficile. Mes crises de panique sont désagréables : je pose énormément de questions, je pleure, je crie.

Certaines femmes ne réagissent pas comme ça, et ne demandent pas des réponses à toutes leurs questions. Elles ne sont pas forcément parfaites, mais leurs imperfections sont faciles à gérer, elles sont mignonnes et anecdotiques.

De par le passé, j’ai demandé à l’homme avec qui je sortais de ne pas laisser mon anxiété le faire fuir. Il m’a assuré qu’il ne fuirait pas. Raté.

Ce n’était pas une promesse, mais à mes oreilles anxieuses, ça y ressemblait pourtant.

La vie me rend anxieuse, de manière générale. Je pose des millions de questions, car sinon, j’ai peur de mal comprendre quelque chose, et de faire des erreurs. Si l’on me demande de faire quelque chose de nouveau, je panique.

Quelque chose de facile, comme faire des photocopies, devient « Et si je n’arrivais pas utiliser le photocopieur, ou bien qu’il n’y ait plus de papier, ou bien qu’il tombe en panne, ou explose ? » Faire un gâteau, les impôts, apprendre à conduire, trouver quoi faire de ma vie : vivre au quotidien est l’une des choses les plus anxiogènes imaginables.

Et c’est tout aussi difficile à vivre pour vous que pour moi. L’anxiété est épuisante. C’est compliqué, et tout sauf idéal. J’en ai conscience.

Parfois, mon anxiété me fait fuir. Je ne le veux pas, mais je n’ai pas le choix, et vous non plus.

Mon anxiété est comme une adolescente de quinze ans persuadée de savoir de quoi elle parle, alors qu’elle est immature, naïve, et ne saura jamais comment gérer son quotidien.

C’est comme de l’électricité traversant mon cerveau, sans interrupteur pour l’arrêter.

Ma poitrine s’emplit de terreur, et je ne peux plus respirer. Mon cerveau redevient infantile, et ne répond plus à la logique. Il voit des monstres partout, et personne ne peut le faire changer d’avis.

Si vous aussi vous souffrez d’anxiété, alors vous savez de quoi je parle. Mais saviez-vous que l’anxiété peut aussi s’avérer une bonne chose ?

Les gens anxieux apprécient les moindres petites choses de la vie. Si quelque chose ne déclenche pas l’anxiété chez une personne atteinte alors, mon dieu, c’est formidable, et d’autant plus apprécié. Je me souviens toujours des moments durant lesquels je ne suis pas anxieuse.

Les gens anxieux ne vous feront jamais de mal, car ils ne connaissent que trop bien la douleur. Oh oui, ils la connaissent. Ils ne veulent pas que vous la ressentiez. Ils ne veulent pas que quiconque la ressente.

Les gens anxieux font généralement preuve d’empathie, et s’inquiètent même pour ceux qui les blessent.

Les gens anxieux sont à l’écoute, et suivent leur intuition. Ils aiment passionnément, que ce soit leur métier, leurs amis, leur compagnon, ou tout simplement la vie. Ils savent à quel point la vie quotidienne est difficile, et qu’il ne faut pas tout considérer comme acquis d’avance.

Mon anxiété me fait peut-être fuir, mais bien que je ne puisse pas la contrôler, j’essaie de ne pas la laisser me contrôler.

Est-ce que vous êtes anxieux, vous aussi ? Si oui, alors vous savez de quoi je parle. Vous pensez être un fardeau. Vous pensez être une gêne pour tous ceux à qui vous tenez. Vous savez que vous n’en êtes pas responsable, mais cela n’y change rien.

Cela provient de votre for intérieur, et vous pensez que vous devriez pouvoir le contrôler. Parfois, j’y parviens, et je ne suis pas toujours anxieux.

Parfois, je me retrouve à courir à 1h du matin dans une cour d’immeuble en Floride, avec un homme que je viens de rencontrer, encore trempée par l’eau de la piscine, et brûlante de désir.

Parfois, je déjeune avec ma meilleure amie, et je commande un frappucino à la vanille, sans hésiter ou me soucier des calories ou du prix.

Parfois, un inconnu me dit que je suis belle, ou intelligente, ou géniale, et je me dis que oui, je le suis effectivement.

Durant ces brefs moments, je ne suis pas anxieuse.

L’anxiété est un défi constant. C’est handicapant. Ça peut être un cauchemar. Mais parfois, c’est supportable. L’anxiété me rappelle tout ce que j’ai, ce que je peux, et ce que je finirai par vaincre.

Je souffre d’anxiété, mais elle ne me définit pas. C’est là toute la différence.

Mon anxiété peut me faire fuir, et peut tenter de vous faire fuir, vous aussi. Mais parfois, s’enfuir n’est peut-être pas si grave.