Time to Change a lancé « Get the Picture », une campagne destinée à mettre un terme à l’utilisation de photos montrant des personnes se tenant la tête pour illustrer les articles sur la dépression. (source: buzzfeed)
Bien trop souvent, en effet, les articles traitant des problèmes de santé mentale sont accompagnées de photos de ce genre :
Mais bien évidemment, les personnes souffrant de dépression, d’anxiété, et de nombreux autres troubles mentaux n’ont pas toujours l’air d’en souffrir, comme nous l’avons compris en réunissant les histoires et les photos d’individus véritablement atteints :
1. « Je me souviens à quel point c’était difficile pour moi de me lever le matin. »
« À l’automne 2013, j’étudiais en Angleterre, alors que mon université d’origine se trouve à Naperville, dans l’Illinois. Cela faisait deux ans que je me débattais avec la dépression et l’anxiété. Cette photo a été prise à la moitié de mon séjour sur place, lorsque ma mère (à droite) est venue me rendre visite pendant une semaine. J’étais clairement très excitée de la voir, mais j’étais par ailleurs très perturbée intérieurement, je m’entaillais la peau, et je n’étais pas bien du tout. J’avais l’impression que rien de ce que je faisais ne m’aidait à aller mieux.
Durant sa visite, nous avons pris tellement de photos, passé tellement de temps à nous amuser, à être ensemble, à visiter les environs… mais à chaque fois que je revois ces photos, je me rappelle à quel point j’avais du mal à me lever le matin, même si c’était pour profiter de ce superbe pays avec ma meilleure amie. » – Anna Kopsky
2. « J’avais pris l’habitude de me faire du mal. »
« Mes deux premières années d’université ont été très difficiles, tant pour moi que pour mes proches. Je me sentais très déprimé, je me faisais régulièrement du mal, et je ne mangeais plus. Mes parents étaient au courant de ma dépression, mais je n’avais expliqué à personne à quel point je me faisais du mal.
Je me faisais du mal pendant quelques jours, et puis ça allait mieux pendant quelques jours, avant de retomber au fond du gouffre, et d’avoir besoin d’une nouvelle « dose » de souffrance physique. Les médicaments m’aidaient à atténuer la douleur de mes sentiments, mais elle ne disparaissait jamais vraiment totalement. Mes proches avaient vraiment du mal à m’éviter de sombrer, mais aux yeux de personnes extérieures, j’étais juste un mec normal, qui pensait que se cacher sous une table était une bonne idée pour faire rire autrui. » – Rehaan Ansari
3. « Ma famille est géniale, mais à l’époque, ils ignoraient tout ce que je traversais. »
« Dans cette photo de 2012, j’avais 17 ans, et après six mois passés à être harcelée à l’école, et à souffrir de dépression et d’anxiété (jusqu’à une tentative de suicide), ma mère s’est dit que rendre visite à des membres de notre famille vivant à New York me ferait du bien.
Et bien que j’aie adoré ces moments passés avec ceux que je n’avais pas vus depuis longtemps, et qui m’ont permis de découvrir un nouveau pays formidable, j’étais toujours déprimée, et j’avais une bien piètre opinion de moi-même.
Ma famille est géniale, mais à l’époque, ils ignoraient tout de ce que je traversais, et je ne voulais pas en parler avec eux et les accabler de mes problèmes. J’ai adoré passer du temps aux USA, mais je ne peux m’empêcher de regretter le fait que j’aie failli gâcher ces moments à cause de ma maladie. » – Jess Kwamin
4. « Tous les jours, je m’efforçais de sourire afin de cacher la souffrance que je ressentais à l’intérieur. »
« J’ai commencé à être déprimée à l’âge de 14 ans, et c’était une période particulièrement sombre, pour moi. Les seules émotions que je semblais capable de ressentir étaient la peur, l’anxiété, la tristesse, et le désespoir. Néanmoins, je m’efforçais chaque jour de sourire afin de cacher la souffrance que je ressentais à l’intérieur. Chaque matin, je me forçais à quitter ma demeure, à me rendre à l’école, où, aux yeux de tous, je semblais heureuse, normale, et en bonne santé.
En été, je sortais avec des amies en portant des manches longues, afin de cacher mes cicatrices, et lorsqu’on me posait la question, je répondais que j’avais froid, et on me faisait confiance, parce que j’avais un grand sourire sur les lèvres. Mais j’étais bel et bien malade, et je ne voyais rien d’autre que les ténèbres devant moi. Un sourire peut cacher la vérité. » – Nikki Mattocks.
5. « Là où je me sens le mieux, c’est invisible, au sein d’une foule d’inconnus. »
« Avant de tomber enceinte de ma fille, je n’avais jamais connu la dépression. La dépression postnatale et l’anxiété m’ont atteinte brutalement, et il m’a fallu des années avant de reprendre pied. Pour la plupart des gens, je suis facile à vivre et optimiste, mais en réalité, je dois faire beaucoup d’efforts pour supporter le moindre environnement social. Plus je connais de personnes, et plus mon anxiété sociale grandit : là où je me sens le mieux, c’est invisible, au sein d’une foule d’inconnus. » – Morgan Shanahan
6. « J’étais totalement détachée, et je me sentais emprisonnée dans une bulle de désespoir. »
« En 2008, ça n’allait pas bien, je me sentais perdue, désarmée et incompétente. Je me souviens que je ne parvenais pas à trouver quoi que ce soit à me mettre pour sortir avec des amies, sans que j’aie l’impression d’être affreuse, et bien que ce t-shirt argenté, emprunté à quelqu’un au dernier moment, ne m’aille pas vraiment, je ne voulais pas risquer de manquer une soirée géniale, ou bien que mes amies m’en veuillent de les laisser tomber.
Ce soir-là, j’ai été balayée par une nausée profonde, issue du plus profond de mon estomac. On ne dirait pas en regardant ces photos, mais j’étais totalement détachée, je me sentais emprisonnée dans une bulle de désespoir, et je comptais les heures me séparant de mon retour à la maison. » – Laura Silver.