Ses sauveteurs ont baptisé la petite lionne Sirga, et ils espéraient qu’elle serait capable de s’accrocher grâce à leurs soins et leur attention. L’histoire de Sirga était indescriptible. Pour une petite si jeune, elle avait déjà enduré beaucoup de choses…
Sirga faisait partie d’une fratrie de trois lionceaux nés dans une troupe du Botswana. Lorsque les deux autres petits sont décédés et que la santé de Sirga a commencé à se détériorer, la troupe a décidé de la laisser se débrouiller. Sans la protection des siens, le sort de Sirga semblait scellé….
L’écologiste Valentin Gruener a dirigé l’équipe qui a trouvé Sirga. Il a mené une campagne pour ramener la jeune lionne à son quartier général et la soigner, elle souffrait en effet de malnutrition et avait été malmenée par les éléments.
En tant que cofondateur du Modisa Wildlife Project au Kalahari, au Botswana, Valentin a estimé qu’il était de son devoir de sauver la vie de cette lionne abandonnée. En collaboration avec un vétérinaire local, ils ont décidé que Sirga, qui ne pesait que 1,8 kg, avait besoin d’une perfusion pour l’aider à se réhydrater.
Valentin et le vétérinaire espéraient que ce traitement et un régime spécial à base d’œufs frais, de crème, de lait, de vitamines, d’huile de tournesol et de calcium aideraient Sirga à retrouver la santé. Ils n’étaient pourtant pas certains du résultat.
À la surprise générale, Sirga n’a pas seulement survécu, mais a commencé à grandir et à reprendre des forces ! Les bénévoles du quartier général n’y croyaient pas. « Aujourd’hui encore, nous pensons qu’elle est probablement la lionne la plus gâtée et la mieux nourrie du Botswana », a déclaré Valentin avec le sourire.
Après environ un an de soins, Sirga avait pris 77 kg ! Valentin et son équipe ont décidé qu’il était temps de mettre un terme à son régime spécial et de l’acclimater au régime de viande crue qui serait le sien si elle vivait dans la nature….
Comme elle avait été abandonnée par sa propre troupe, Sirga considérait Valentin et les autres bénévoles comme sa vraie famille. Cependant, à trois ans, elle était devenue si imposante que Valentin et son équipe ne pouvaient plus jouer avec elle comme ils le faisaient quand elle était plus jeune….
Finalement, Valentin est devenu la seule personne capable de gérer le côté joueur de Sirga. C’était logique : comme il l’avait sauvée de la mort et qu’il était resté à ses côtés à chaque étape de son rétablissement, elle le considérait comme son père de substitution.
Elle était peut-être plus grande que Valentin, mais cela ne l’empêchait pas de poser sa tête sur ses genoux pour s’endormir ou de se jeter dans ses bras pour un câlin. Elle le traitait avec la même affection que les enfants humains vis-à-vis de leurs parents !
Pour Valentin, Sirga était comme sa fille et, comme tous les autres parents, il a dû faire face à de nombreux défis lorsqu’il s’est agi de s’occuper de son enfant de trois ans, y compris certains qui auraient fait trembler de peur des parents humains !
Valentin et les autres écologistes ont fait des heures supplémentaires pour canaliser l’énergie de Sirga et l’aider à acquérir les compétences dont elle aurait besoin pour survivre dans la nature.
Ce qui a débuté comme un moyen d’occuper Sirga tout au long de la journée est devenu une mission. Valentin savait qu’il fallait la préparer à retourner dans le désert, là où était sa place.
L’une des compétences les plus importantes dont elle avait besoin était de savoir chasser. Croyez-le ou non, la chasse n’est pas un instinct naturel chez les lions. C’est quelque chose qui est transmis par des membres plus âgés de la troupe, ce qui signifie que Valentin a dû apprendre lui aussi à chasser !
Cela n’a pas été facile au début, mais Sirga a finalement commencé à apprendre cette compétence vitale. Ce fut un soulagement énorme pour Valentin, qui savait qu’une fois retournée dans la nature, la règle serait « tuer ou être tuée » pour la lionne.
« Nous ne voulions pas que Sirga finisse comme les autres lions en captivité, constamment nourris par les flux de touristes », a dit Valentin. « Elle chasse sa propre nourriture, surtout des antilopes, et elle nous laisse être près d’elle quand elle mange, ce qui est remarquable. »
Pour cette raison, Valentin et son équipe ont travaillé dur pour s’assurer que Sirga ne soit pas trop domestiquée. « Nous voulons relâcher une lionne sauvage, pas un lion qui a rencontré beaucoup d’êtres humains. Ce serait dangereux. Elle n’interagit qu’avec nous », a ajouté Valentin.
Le cinéaste Jurgen Jozefowicz a finalement entendu parler de l’histoire de Valentin et Sirga. Il était tellement inspiré qu’il a commencé à travailler sur une série documentaire en six parties sur leur relation intitulée « Lionheart ». Si tout se passait comme prévu, le film couvrirait également le retour de Sirga à l’état sauvage et les adieux, sans doute difficiles, de Valentin.
Toute la vie de Sirga avec Valentin a été consacrée à la préparation de son retour final dans la nature. Cependant, cela ne signifiait pas que leurs adieux respectifs seraient faciles. Leur relation était vraiment unique en son genre !
Sirga doit toute sa vie à Valentin, et elle est très importante pour lui aussi. Dieu merci, ils ont pu se retrouver. On dirait que ça leur a fait du bien à tous les deux !