Les gens qui font du bruit en mangeant vous rendent fou ? Alors vous devriez surement lire ceci…

Il n’y a rien de plus irritant que le bruit fait par une personne qui mange une pomme, une carotte ou encore un sandwich, même peu croustillant. Beurk. Rien que d’y penser, j’en ai des frissons. (source: vice)

Je sais que je ne suis pas le seul dans ce cas. Un sondage informel révèle en effet que beaucoup d’entre nous ne supportent pas le bruit de la mastication. Mais s’agit-il d’une véritable maladie, ou simplement du dégoût plus général de certains sons ?

Misophonie: Origine

La misophonie, qui signifie « haine du son », est un trouble rarement diagnostiqué. Selon le Centre Médical Académique d’Amsterdam (AMC), les personnes souffrant de misophonie éprouvent des sentiments de dégoût, de colère ou de frustration à l’écoute de certains sons.

Seules quelques institutions dans le monde, y compris l’AMC, considèrent la misophonie comme un sujet suffisamment sérieux pour en faire l’objet d’une recherche empirique.

« Nous travaillons dessus depuis quatre ans et deux ou trois personnes viennent nous consulter chaque semaine pour se faire aider », explique Arjan Schröder, psychiatre à l’AMC, dont les recherches se concentrent actuellement sur les causes, effets et traitements possibles de la misophonie.

La sévérité de leurs symptômes est la principale raison qui pousse ces personnes à venir en consultation.

L’AMC, à Amsterdam, est à ce jour l’unique centre aux Pays-Bas et en Europe à proposer un traitement, et l’un des seuls au monde à reconnaître la misophonie comme une véritable pathologie.

Misophonie: Symptomes

La plupart d’entre nous peuvent comprendre et même ressentir cette aversion pour les bruits que font les autres. Mais comme le souligne Schröder, « les gens qui viennent nous voir ont des symptômes si sévères qu’ils leur causent une réelle souffrance. Ils ne peuvent pas manger en compagnie des autres, ne peuvent pas dormir dans la même pièce ou encore aller travailler. La misophonie a un tel effet sur eux qu’ils se mettent peu à peu à éviter certains endroits. Et cela ne fait qu’aggraver les choses. »

Si vous ne supportez pas de regarder la vidéo ci-dessous, vous êtes probablement atteint de misophonie

La plupart des patients qui viennent à l’AMC pour leur misophonie sont reconnaissants d’être pris en charge. Le simple fait d’éprouver des émotions violentes à chaque fois que quelqu’un tousse, mange, aspire, respire, grogne, baille, rit, ronfle, siffle, mâche des aliments croquants ou du chewing-gum, se brosse les dents, se coupe les ongles ou tape sur un clavier (rayer les mentions inutiles) doit être effectivement un terrible fardeau à porter.

Misophonie: Causes

Il s’avère que les causes de la misophonie sont encore peu connues.

« Elle apparaît généralement vers 13 ou 14 ans, période à laquelle la plupart des troubles psychiatriques commencent à se manifester. Il nous arrive d’observer des cas dans une même famille, ce qui nous laisse penser qu’il y a une composante génétique. Nous pouvons dire également que c’est une condition qui établit un lien entre un son neutre et une émotion déplaisante », indique Schröder. « C’est un processus de conditionnement : si vous vous trouvez régulièrement confronté à une situation problématique et que vous commencer à éviter cette situation, les choses ne font qu’empirer. »

Misophonie: Traitement

En dépit d’une connaissance limitée des causes de la misophonie, un traitement existe : d’après Schröder, il est relativement long et intense. « Le traitement s’appuie sur une thérapie de groupe, basée sur les différentes techniques comportementales et cognitives », explique-t-il. Lors de ces séances, qui ont lieu une semaine sur deux, les patients apprennent à dissocier les sons et émotions négatives.

« Il s’agit d’un long processus, qui prend des mois à intégrer », précise Schröder. Ce délai est nécessaire : le cerveau est tout simplement en phase de reprogrammation. Le schéma comportemental qui s’est renforcé au fil des années doit être entièrement dissous.

Toutes les expériences pratiquées à l’AMC sont inédites, ce qui ne simplifie pas les choses. Jusqu’à la publication de l’article de Schröder et Denys sur le diagnostic de la misophonie, cette condition n’avait fait l’objet que de peu d’études cliniques, même si les personnes affectées échangeaient déjà activement sur internet leurs témoignages et expériences. Les chercheurs essayaient principalement de classifier la misophonie en la mesurant à d’autres troubles psychiatriques connus.

Dans un article paru en 2013, Vilaynur Ramachand, neurologue américain réputé, comparait la misophonie à la synesthésie. Mais selon Schröder, cette comparaison est peu justifiée, ou du moins les deux phénomènes ne sont-ils pas directement liés. La misophonie est une émotion déclenchée par des sons spécifiques et non par l’audition en général. L’équipe de Schröder étudie la misophonie dans le cadre du spectre plus large des troubles obsessionnels compulsifs.

Misophonie

Le groupe de recherche de Denys emploie actuellement l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle pour identifier les zones et variations cérébrales chez les personnes souffrant de misophonie. L’équipe travaille aussi sur des expérimentations basées sur l’électroencéphalographie, tout en cherchant à redéfinir une thérapie comportementale. Elle essaie également d’améliorer le test actuel, intitulé « Amsterdam Misophonia Scale » (ou A-MISO-S), un questionnaire servant à évaluer le degré de sévérité de la misophonie.
Comme pour tout autre trouble, les degrés de gravité de la misophonie se mesurent, sur une échelle allant de « modéré » à « sévère ». La plupart des gens qui se plaignent (comme moi) du bruit que vous faites en mangeant une pomme trop près d’eux, oui qui enfilent leurs écouteurs (comme moi) dès que quelqu’un dégaine un sac de carottes, ne sont probablement pas affectés au point d’avoir besoin d’une thérapie. Mais d’autres facteurs peuvent entrer en jeu.

« C’est également lié à un sentiment ou besoin de contrôle », explique Schröder. « Lorsque vous entendez quelqu’un mâcher bruyamment, un jugement moral intervient aussi. « Tu devrais fermer la bouche quand tu manges », ou encore « Ne tape pas si fort sur le clavier » en sont une formulation. Parmi les personnes qui développent une misophonie, nombreuses sont celles qui ont une personnalité relativement rigide et compulsive. »

Vous reconnaissez-vous dans ces exemples ? Vous cachez-vous ou fuyez-vous dès que quelqu’un émet un bruit qui vous déplaît ? Si tel est le cas, vous pouvez toujours vous rendre à l’AMC, qui consacre ses recherches à la découverte de meilleurs traitements ou bien demander a votre voisin de fermer la bouche en mastiquant 😉