Morris-Cafiero, résidant à Memphis, travaillait sur un projet différent lorsqu’elle remarqua que des inconnus la regardaient étrangement.
Sur l’une des photos, elle tentait de faire son autoportrait, assise sur des marches, à Times Square. En passant les photos en revue, elle découvrit qu’elle n’était pas la seule à prendre des photos.
Dans son dos, un homme lui faisait des grimaces, tandis que son ami le prenait en photo. Cet événement la marqua. « Malgré la surcharge sensorielle de la ville de New York, et le fait qu’on le prenne en photo, son seul intérêt, c’était moi », explique Haley.
Bien vite, elle commença à remarquer ce phénomène dans d’autres de ses photos. Plutôt que de se faire plus discrète, Haley choisit alors de saisir le taureau par les cornes.
Elle commença à installer des appareils dans des lieux publics, et elle se mit en scène de manière la plus naturelle possible. Les photos gardent ainsi une trace de Morris-Cafiero, mais aussi des réactions des passants.
« Je suis fascinée par la manière dont notre société exploite le regard pour communiquer des émotions, et comment, en réaction, nous interprétons la manière dont autrui nous regarde », explique-t-elle.
Le projet Wait Watchers retourne vers ces passants leur regard accusateur et, Haley l’espère, permettra de faire prendre conscience aux gens des problèmes d’image corporelle, et des humiliations publiques subies par les personnes en surpoids comme Morris-Cafiero.
La photo qui a tout déclenché. Ici, un homme se moque de Morris-Cafiero, alors qu’elle est assise sur une marche. Il ignorait cependant qu’elle le voyait très bien.
Retrouvez dans les pages suivantes d’autres photos de Haley où, derrière elle, on peut voir un passant au regard méprisant. (source: Hayley Morris)
Sur le web, son travail est devenu viral mais, internet oblige, certains commentaires n’étaient pas très élogieux. Certaines personnes ont dit à Morris-Cafiero que « sa vie, et même le monde, seraient bien meilleurs si elle perdait du poids et se faisait relooker. »
Morris-Cafiero s’en moque ouvertement. « Je n’ai que faire de l’opinion d’inconnus à propos de mon corps, et je l’aime tel qu’il est. »
Et il est difficile de ne pas trouver cette attitude formidable. « De toute façon, les critiques resteront toujours des critiques », explique-t-elle à son public dans une vidéo Kickstarter du projet Wait Watchers, « mais de la même manière que j’aime et que j’accepte mon apparence, j’espère que vous ferez de même avec la vôtre. »