Pendant la plus grande partie de ces 20 dernières années, cette éléphante majestueuse nommée Kabu a été contrainte de travailler enchaînée, mais aujourd’hui, elle est enfin libre. Et bien que son corps garde encore les traces de décennies de mauvais traitements, ses yeux brillent désormais de ce qui ressemble bien à de l’espoir.
L’histoire de Kabu est particulièrement banale, et typique de celle des éléphants de travail, utilisés dans les forêts d’Asie du Sud-Est, et qui endurent des mauvais traitements et une souffrance inimaginables. En dépit d’une vieille blessure qui a déformé à jamais l’une de ses pattes avant, Kabu était maintenue enchaînée, obligée de transporter de lourds troncs coupés à flanc de montagne, et ce pendant des années.
Heureusement, cette période déprimante de la vie de cette éléphante touche enfin à sa fin.
Cette semaine, Lek Chailert, fondateur de la réserve du Parc Naturel des Éléphants, en Thaïlande, a fait le voyage pour enfin arracher Kabu à sa vie de servitude. C’était probablement la première fois qu’une personne concernée avait été en mesure d’observer dans ses moindres détails la blessure handicapante de l’éléphante, et d’entendre son histoire tragique.
Car non seulement Kabu avait-elle souffert physiquement, mais on l’avait aussi torturée mentalement. Pendant ses années de travail dans les champs, elle avait en effet donné naissance à deux petits : l’un avait été vendu à une base touristique, et l’autre était mort par accident durant une session expéditive de dressage, menée par ses geôliers.
Mais malgré la douleur et le désespoir, Kabu a toujours tenu bon, jusqu’à être sauvée.
Chailert et d’autres bénévoles avaient préparé un camion, dans lequel emmener Kabu jusqu’au refuge pour éléphants – un voyage épuisant de 12 heures, qui allait marquer le commencement de la vie d’éléphante libre de l’animal.
« Il nous a presque fallu une demi-journée entière pour emmener Kabu jusqu’au camion. Elle était effrayée et perturbée, donc elle a eu des difficultés à monter dans le véhicule », explique Chailert sur Facebook. « Elle a dû se demander ce qui allait ensuite lui arriver. Mais désormais, elle est dans le camion, en route pour le refuge. À partir d’aujourd’hui, plus de peur, plus de douleur, plus de chaîne ni de travaux forcés. »
Pendant toute cette épreuve, ses sauveteurs sont restés à ses côtés, pour lui apporter du soutien et du réconfort.
Lorsque le camion est finalement arrivé au Parc Naturel des Éléphants, un paradis sur Terre pour les pachydermes secourus (bien souvent après une vie très semblable à celle de Kabu), le soleil s’était couché. Kabu paraissait excitée en descendant la rampe, accueillie par les barrissements des autres éléphants du refuge, qui étaient probablement pour elle les premiers de ses congénères à ne pas être enchaînés.
Tendant la trompe, curieuse et impatiente, Kabu a salué les autres membres de son nouveau troupeau.
Plus touchant encore : le soulagement visible dans ses yeux, et les larmes coulant sur ses joues – des larmes de joie, peut-être versées à l’idée de la vie paisible qui l’attend désormais.
« Elle se repose désormais, sans chaîne, sur un tas de sable propre et frais », explique Chailert.
Bienvenue à la maison, Kabu.