En 2003, Mike Brodie, alors âgé de 18 ans, quitte le foyer familial pour vagabonder de train en train à travers les États-Unis. Pour beaucoup, le resquillage à bord de trains de marchandises (une forme de voyage à la fois illégale et romantique) est un moyen de transport dépassé, qui s’est éteint au début du 20ème siècle.
En 2004, pourtant, armé d’un appareil Polaroid, Brodie a remis en questions cette idée reçue, que beaucoup n’imaginent pas être encore valable de nos jours.
Brodie a ainsi passé quatre ans à passer de train en train, photographiant au passage les paysages américains depuis le point de vue mémorable et exceptionnel de l’intérieur d’un wagon de marchandises.
Sur ces photos particulièrement sincères et naturelles, on peut voir tout un éventail de vagabonds burinés, recouverts de crasse et de poussière. Je ne suis pas sûr que ces photos puissent être considérées comme la résurrection, au 21ème siècle, d’un rêve américain trop tôt enterré, ou si elles sont l’illustration des derniers soupirs d’une culture en pleine décomposition : celle des chemins de fer, de la vapeur, et de l’huile de coude.
Le plus étrange, c’est que Brodie n’a aucune intention de faire carrière dans le milieu de la photographie. « Je ne sais jamais vraiment à quoi m’en tenir lorsque l’on aborde le sujet des galleries d’art photographique, ou des livres de photos« , explique Brodie dans une interview au Guardian.
Et bien qu’il ait été vivement félicité pour son travail par le célèbre critique d’art américain Vince Aletti (un exploit qui ferait le bonheur de n’importe quel photographe professionnel), Brodie affirme qu’il n’est « pas vraiment branché photographie« .
Depuis, Brodie a en effet totalement abandonné la photographie, pour s’installer et se lancer dans le monde de la mécanique automobile.