En résistant aux nazis, cette femme a permis l’accouchement de 3000 bébés à Auschwitz.

Malgré l’horreur qui l’entourait, la sage-femme polonaise Stanisława Leszczyńska a aidé des femmes enceintes a accouché aussi confortablement que possible à Auschwitz. Parfois, elle a sauvé à la fois les mères et les bébés d’une mort certaine.

Alors que Stanislawa et les médecins nazis qui la supervisaient pensaient que peu de bébés pourraient arriver à terme à cause des maladies et de la malnutrition, elle n’a pas perdu un seul bébé durant toute la période pendant laquelle elle a exercé en tant que sage-femme du camp.

Stanisława Leszczyńska jeune.

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Stanislawa était une Polonaise catholique, née en 1896 d’un père charpentier. Quand Stanislawa était enfant, sa mère travaillait de longues heures à l’usine alors que son père était sur le front au Turkestan. Elle a pu aller à l’école et a terminé ses études secondaires en 1914, au moment où la Première Guerre mondiale a éclaté.

En 1916, Stanislawa a épousé un imprimeur, Bronisław Leszczyński, et en 1919 elle avait un fils et une fille. En 1920, sa famille a déménagé à Varsovie et elle a commencé ses études pour devenir sage-femme. En 1923 elle avait donné naissance à deux fils de plus et avait commencé à travailler à plein-temps en tant que sage-femme.

Auschwitz

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L’Allemagne nazie a envahi la Pologne au début de la Seconde Guerre mondiale et la famille Leszczyńska a été forcée de quitter leur quartier lorsqu’il a été transformé en ghetto juif sous l’occupation nazie. La famille faisait preuve d’une certaine sympathie envers la communauté juive et a été arrêtée alors qu’il remettait à des familles juives de la nourriture, de faux documents et d’autres objets nécessaires à la survie.

Stanislawa a été emmené à la Gestapo en 1943, et son jeune enfant a également été arrêté. Son époux et son fils le plus âgé ont réussi à échapper à l’arrestation, mais son mari est finalement décédé durant l’Insurrection de Varsovie, avant que Stanislawa ne puisse le revoir.

Les portes d’Auschwitz.

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Après son interrogatoire par la Gestapo, elle a été envoyée avec sa fille de 24 ans à Auschwitz et les matricules 41335 et 41336 leurs ont été tatoués. La fille de Stanislawa étudiait la médecine avant son arrestation, donc elles ont toutes les deux été envoyées à la maternité. Elles y ont rencontré le Dr Josef Mengele, le fameux médecin d’Auschwitz surnommé « L’Ange de la Mort ».

L’expérience de sage-femme de Stanislawa est assez vite devenue l’un de ses plus grands atouts, et il est fort possible que cela ait participé à sa survie et à celle de sa fille.

Le Dr Josef Mengele.

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Stanislawa a travaillé sous la supervision de Mengele, un célèbre officier SS allemand et médecin du camp. Il était responsable de la sélection des individus qui devaient être envoyés dans les chambres à gaz, et faisaient des expérimentations tordues sur les prisonniers du camp. Il était très intéressé par l’hérédité, les jumeaux, les personnes souffrant d’anomalies physiques et les nains.

Alors que ses expériences ne tenaient pas compte du bien-être des patients, ceux qui étaient obligés d’y participer étaient légèrement mieux traités et étaient temporairement assurés de ne pas être envoyés dans les chambres à gaz.

Un bébé né à Auschwitz.

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À Auschwitz, les conditions étaient terribles pour tous, mais elles étaient particulièrement dures à la maternité. Le service n’était pas équipé pour les soins médicaux basiques, et Stanislawa devait faire preuve d’ingéniosité pour aider les femmes à accoucher en sécurité. Elle a obtenu que les lits des femmes enceintes soient déplacés dans les zones les plus chaudes des baraquements, près des poêles, et a entraîné les femmes à faire des sacrifices pour leurs nouveau-nés.

Stanislawa encourageait souvent les femmes à échanger leurs rations de pain contre des draps supplémentaires durant les dernières semaines de leurs grossesses permettant à leurs bébés d’être enveloppés dans quelque chose de propre. Si les femmes n’avaient pas de draps, des morceaux de papier sales étaient utilisés en guise de couches.

Des femmes et leurs bébés dans un baraquement.

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Stanislawa a traité chaque femme d’Auschwitz de la même manière que ses patientes de la Pologne d’avant-guerre. Elle était fière que chaque bébé soit né entre des mains chaleureuses, malgré le fait que l’horreur les entourait. Les autres prisonniers du camp l’ont vue rester nuit après nuit pour entraîner les femmes à donner naissance, et assez vite tout le monde l’a appelée Mère.

Au début, les nazis ont supposé que la malnutrition et les maladies amèneraient la plupart des grosses à s’interrompre de manière naturelle, mais avec l’aide de Stanislawa, de nombreuses femmes ont pu mener leurs grossesses à leurs termes. Elle a aussi fait en sorte qu’un petit groupe de femmes puisse servir de nourrices aux bébés.

Des enfants à Auschwitz.

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Bien que Stanislawa travaillait techniquement sous les ordres du Dr Mengele, leurs intentions étaient très différentes. À un moment, Mengele l’a chargée d’euthanasier tous les bébés dès leurs naissances. Elle a refusé, et à la place a essayé d’aider les femmes à dissimuler leurs bébés aussi longtemps que possible.

Par moments, les nazis saisissaient les bébés immédiatement après leurs naissances et les confiaient à un prisonnier allemand qui était à Auschwitz pour avoir commis un infanticide. Si l’une des femmes récupérait trop lentement de son accouchement, elle était immédiatement envoyée aux chambres à gaz.

Des mères à Auschwitz.

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Lorsque les nazis ont reçu des rapports sur le taux de réussite des accouchements réalisés par Stanislawa ils étaient furieux. Au total, elle a aidé 3 000 bébés à venir au monde pendant qu’elle était à Auschwitz, et elle a risqué sa vie en refusant de les tuer. Sur les 3 000 naissances, 2 500 bébés sont finalement décédés.

Les bébés restants avaient des particularités aryennes, leur permettant d’être adoptés par des ménages allemands. Stanislawa et les mères des enfants envoyés à l’adoption ont trouvé un moyen de tatouer les enfants afin qu’ils puissent un jour retrouver leurs vraies mères.

Le rapport d’une sage-femme à Auschwitz.

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Jusqu’à la sortie de son document « Le rapport d’une sage-femme d’Auschwitz », Stanislawa n’a jamais évoqué publiquement son expérience à Auschwitz. Les récits étaient sombres et parfois presque insoutenables, une histoire qu’elle a racontée à ses enfants mentionne une femme qui a été appelée aux chambres à gaz quelques instants après avoir donné naissance. La femme savait qu’elle allait mourir, elle a donc doucement enveloppé son nouveau-né dans un morceau de papier souillé, l’a serré fort contre sa poitrine et est sortie de la maternité.

Bien que Mengele était totalement opposé au travail de Stanislawa, il a affirmé qu’il s’agissait d’une sage-femme hautement qualifiée et il craignait que sa présence donne de l’espoir aux prisonniers.

La sage-femme Stanisława Leszczyńska.

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Stanislawa a été libérée du camp à la fin de la guerre et a retrouvé ses enfants survivants, qui sont tous deux devenus médecins. Elle est morte en 1974 après avoir publié un court ouvrage sur son expérience dans le camp de concentration. Avant sa mort, elle a assisté à Varsovie à un rassemblement communautaire où les survivants du camp se sont réunis et ont pu rencontrer les enfants adultes qu’elle a vus naître à Auschwitz.

En 2010, l’Église catholique a lancé la procédure de canonisation de Stanisława Leszczyńska.