Traduit d’un article original de Brianne McDonald
Je ne sais pas si vous êtes déjà au courant, mais selon toute vraisemblance, je suis la meilleure et la plus absolument parfaite des mamans que l’humanité ait jamais connues. Je suppose que je n’ai pas besoin de préciser que je fais du sarcasme, là, hein ? Si ? Ah. De la satire, plutôt ? J’ai l’impression d’avoir su un jour ce que c’était, mais j’ai dû oublier quelque part au cours de mes Aventures dans la Blogosphère. Les gens semblent avoir inventé une nouvelle définition de la satire, plutôt vague. Enfin bref, revenons à ma perfection.
1. La Maman « Police du Langage »
Déjà, c’est un nom vraiment extraordinaire pour ces espèces de poupées Barbies de contrefaçon. Vous savez ? Celles qui sont en plastique super fin et bon marché, que votre tante un poil radine vous a offert pendant des années bien après que vous ayez arrêté de jouer à la poupée ? Complétez ce tableau avec un uniforme de police, une coupe impeccablement permanentée et un bébé sous chaque bras.
Ensuite, je sais apprécier les gens qui surveillent leur langage en présence d’enfants. C’est sympa et respectueux, un concept également connu sous le nom de « courtoisie ». Et, oui, ça craint un peu quand un trou du cul (héhéhé, j’adore l’ironie) débite des injures à n’en plus finir à moins d’un mètre de votre progéniture si parfaite et innocente… Bienvenue dans la réalité. Cet univers mystique plein de choses qui craignent vraiment à fond comme, par exemple, les gens. Lorsque nous débarquons dans cet univers plein de gens, qu’il est impossible de rappeler à l’ordre simplement en faisant les gros yeux, j’observe avec horreur la confusion grandissante de ma fille. Tous ces mots sont des vilains mots. Elle sait que c’en sont parce que de temps en temps, il arrive que sa mère en sorte du même genre, pour aussitôt lui dire que ce sont des vilains mots. Je me prépare alors à donner une leçon de vie, généralement en commençant par commander un autre café.
Chère enfant – je commence, là – jurer, ça peut être drôle. Ça peut même devenir raffiné jusqu’à des niveaux artistiques. Mais, comme tout ce qui est drôle dans la vie, il faut avoir l’âge approprié pour pouvoir en profiter. Tu n’as pas encore cet âge, et tu ne l’auras pas tant que tu vivras sous mon toit et que je serai légalement responsable de tes transgressions. Et si par malheur tu en venais à t’exprimer dans un tel langage sous mon autorité suprême, je veillerai personnellement à t’embarrasser devant chaque garçon (fille ?) que tu aimeras jamais.
Et enfin, c’est le travail d’une maman de protéger ses enfants, plus ou moins, mais il existe une ligne presque invisible mais pourtant bien réelle entre la protection et une déconnexion complète de la réalité. Et souviens-toi que je suis absolument parfaite, alors bon, hein !
2. La Maman « J’achète uniquement Bio et je cuisine tout moi-même »
Gloire à vous, madame ! Pouces levés et gros bisous sur les fesses ! Parce que franchement, ces trucs-là sont pas donnés. Par contre, si vous pouviez arrêter de m’agiter ça sous le nez comme cet horrible smoothie au chou frisé que vous faites ingurgiter à vos enfants sanglotants, le temps que je donne du yaourt sorti du congélateur à ma fille ? Elle a encore eu 10/10 à sa dernière dictée, alors lâche-moi les baskets, frangine. En plus, on est samedi matin et ma volonté vacille.
Il m’arrive de préparer des cheese-burgers maison à mes enfants avec des nuggets de poulet surgelé (au passage, je signale que je les réchauffe quand même), et je refuse de culpabiliser à cause de ça. Je veux dire, on parle d’enfance, là. Je n’ai qu’un nombre limité d’années pour la transformer en épave nutritionnelle comme mes parents ont fait avec moi.
3. La Maman « Tu fais ça mal, comme tout ce que tu fais, d’ailleurs »
Je suis tout à fait d’accord sur le principe de l’ouverture d’esprit et du partage de l’information. Si, si, vraiment. En dépit de mon rejet viscéral du chou frisé en smoothie ou sous toute autre forme, je suis tout à fait d’accord sur le principe. Mais… J’ai simplement beaucoup de mal à croire qu’il puisse y avoir une maman aussi parfaite que moi quelque part dans ce monde. Ok, sérieusement, tout cet esprit de compétition infantile me donne un tooooout petit peu envie de t’étrangler avec ton si mignon sac à couches. Je suis sûr que ton gamin est formidable, mais à chaque fois que tu te sens obligée de m’expliquer à quel point il l’est infiniment plus que n’importe quel autre compétiteur de deux ans, tu ruines lentement mais sûrement les chances de voir quiconque autre l’apprécier. Lui, ou toi.
4. La Maman « Mon Bébé a 57 Mois et demi »
Ton gamin n’a pas 20 mois. Il a plus d’un an, peut-être même un an et demi mais, pour l’amour des beaux yeux bleus du bébé Jésus, passé un an, personne ne devrait continuer à exprimer l’âge de son enfant en mois. C’est comme si tu obligeais toutes les personnes que tu rencontres pour la première fois à se livrer à un exercice d’arithmétique, et ça, c’est un excellent terreau pour faire germer une haine irrationnelle. Et par là j’entends une haine totalement justifié, pure et authentique, mais malgré tout irrationnelle.
5. La Maman « Centre de Contrôle des Maladies »
J’adore le désinfectant à main autant que n’importe quelle autre maman qui travaille et est à court de congés maladies, mais il faut vraiment que tu arrêtes de m’obliger à en utiliser toutes les cinq secondes. Tu veux quoi, que je le boive ? Ça te ferait plaisir, ça !? Bon sang ! Fut un temps où on se passait la main dans les cheveux dans des environnements dignes de toilettes de bars post-apocalyptiques. Alors est-ce qu’on ne pourrait pas dédramatiser un tout petit peu ? En plus, tu viens de lui fourrer trois pièces jaunes et une de euro dans la bouche pendant que tu me fusillais du regard parce que je me suis léchée les doigts, alors tu as des problèmes plus urgents.
6. La Maman « Toujours super Chic et bien habillée »
Je te hais.
Non, vraiment : je… te… hais. Je suis sure à 100% que tu as vendu ton âme au diable, ou peut-être à Carla Bruni. Non. Ne m’adresse même pas la parole, plus tu t’approches et plus je me sens indigne et méprisable. Je ne suis même pas sure que ce pantalon de yoga soit propre. Si ça se trouve je l’avais hier à la gym, mais qui s’en rappelle encore ?
7. La Maman « J’ai perdu tout ce que j’avais pris pendant ma Grossesse en seulement cinq Heures »
De temps à autre, j’aime bien jouer ce jeu avec des étrangers dans les salles de gym, où je leur explique que j’essaye de perdre le gras de ma grossesse. Ce qui n’est pas à proprement parler un mensonge. Simplement, je ne vois pas aucune raison de préciser que mon « bébé » présumé a presque neuf ans (ce qui fait combien en mois, au fait ?). Aucune raison, vraiment, pas la moindre.
Aussi… voyez le point 6 pour de plus amples informations.
8. La Maman « Tout ce que je veux être, c’est une Maman »
Tss ! Ça, ma chère consœur en maternité, c’est un peu facile. Personne ici (bon, d’accord, à part tout le monde sur Internet, parce que c’est tout simplement à ça que sert la toile) ne va te juger pour avoir envoyé ton enfant au lit plus tôt parce que tu as envie de rattraper la dernière saison de Game of Thrones avant que la quatrième ne commence à être diffusée. Ou, tu sais, pour t’éviter de faire la une des faits divers demain, mais peu importe. Tous tes rêves, tes hobbies et ton Moi lui-même n’ont pas à être expulsés de ton âme en même temps que ton bébé de ton vagin. Je veux dire, c’est probablement le cas, mais autant se battre pour une bonne cause. Est-ce ça, le féminisme ? Cette définition est devenue presque aussi vague que celle de la satire.
9. La Maman « On n’utilise pas le Mot « Non » dans cette Maison »
Et cet absolutisme du « renforcement positif » prépare donc ton enfant à la réalité… mais comment, déjà ? De toutes les choses que je dis à ma fille, ma préférée, c’est « non ». J’arrive même à lui dire avant qu’elle ne finisse de demander quelque chose. Généralement, c’est parce qu’elle me demande tout ce qu’elle a jamais voulu dans la vie sous 10 minutes après que je sois passée la prendre à l’école. Mais aussi, parce que la vie est remplie de « non ». Alors je préfère encore qu’elle apprenne ça maintenant, de moi, plutôt que d’aller s’aventurer dans le monde en s’attendant à rencontrer des arcs-en-ciel et des licornes pour se rendre compte un peu tard, avec une déception écrasante, que le monde n’est ni positif ni chatoyant. Écrasant.
10. La Maman « J’écris des Articles sur Internet à propos des autres Mamans et leur super Hypocrisie »
Oh, salut Internet ! Qu’est-ce que tu fais dans le coin ?
Ça vaaaaaaaaa ?