Selon des scientifiques passionnés, les chèvres sont aussi affectueuses et intelligentes que les chiens.

CHRISTIAN NAWROTH

Elles peuvent sembler être des candidates insolites pour le titre de meilleur ami de l’homme, mais selon des scientifiques les chèvres pourraient rivaliser avec les chiens lorsqu’il s’agit de créer un lien affectif avec leurs propriétaires.

Des chercheurs de l’Université Queen Mary de Londres ont cherché à prouver qu’après avoir connu 10 000 ans de domestication, les chèvres étaient bien plus intelligents que ce qu’on pensait et pouvaient interagir avec les humains de la même façon que les animaux de compagnie.

Leur dernière expérience, rapportée dans la revue « Biological Letters », a montré que les chèvres se tournent vers leurs propriétaires lorsqu’elles éprouvent des difficultés à effectuer une tâche, ce que les chiens font également, contrairement aux loups, par exemple, qui n’ont jamais appris à coexister avec les humains.

« En travaillant avec elles on se rend compte qu’elles ont du caractère. Ce sont des animaux très curieux ».
Dr Alan McElligott

L’équipe a également démontré que les chèvres pouvaient apprendre à ouvrir une boîte scellée en utilisant des leviers, un exercice utilisé pour mesurer l’intelligence des singes. Elles peuvent même retrouver cette aptitude quatre ans après l’avoir apprise, sans aucune incitation.

Selon le Dr Christian Nawroth, l’un des auteurs de l’étude : « les chèvres regardent les humains de la même façon que les chiens lorsqu’elles réclament une friandise qu’elles ne peuvent atteindre ».

« Nos résultats fournissent des preuves solides de l’existence d’une communication complexe dirigée vers les humains chez une espèce initialement domestiquée à des fins agricoles. Elles montrent des similarités avec des animaux élevés pour devenir des animaux de compagnie ou de travail, comme les chiens et les chevaux ».

DR ALAN MCELLIGOTT

Il s’agit du premier animal d’élevage à avoir été domestiqué, il y a 10 000 ans. Il y a environ 100 000 chèvres en Grande-Bretagne, et un milliard dans le monde, mais jusqu’à récemment on considérait qu’elles n’étaient pas plus intelligentes que les moutons.

Dans de nombreux pays, dont l’Italie et l’Allemagne, l’expression « aussi bête qu’une chèvre » est une insulte.

Cependant, selon le Dr Alan McElligott du département de biologie et de psychologie expérimentale de l’Université Queen Mary et co-auteur de cette étude, cette réputation est infondée.

Il a déclaré : « vous ne pouvez pas travailler avec un mouton isolé, les gens pensent que c’est la même chose, mais il s’agit de deux animaux très différents. Toute personne ayant un jour travaillé avec ces deux espèces peut vous le confirmer. »

« Après nos précédentes études, nous savions déjà que les chèvres étaient plus intelligentes que leur réputation le laissait présager, mais ces nouveaux résultats montrent qu’elles communiquent et interagissent avec les humains même si elles n’ont pas été domestiquées afin d’être des animaux de compagnie ou de travail. »

« Nous savons que dans certains domaines les chèvres sont aussi intelligentes que les chiens, mais le comportement des chiens a été davantage étudié et en ce qui concerne les chèvres nous ne faisons que gratter la surface. »

Le but initial de cette recherche est d’améliorer le bien-être animal.

« Si nous pouvons démontrer qu’elles sont plus intelligentes, alors nous pourrons établir de meilleures consignes de soin ».

CHRISTIAN NAWROTH

Les scientifiques pensaient que les chats et les chiens pouvaient se lier avec les humains à cause de modifications de leurs cerveaux qui se sont effectuées au cours des milliers d’années durant lesquels ils ont été utilisés comme animaux de compagnie.

Les chèvres ayant été domestiquées il y a environ 10 000 ans, elles ont largement eu le temps d’interagir avec les humains. Contrairement aux moutons, qui ont été domestiqués plus tard, elles peuvent être parfaitement heureuses hors d’un troupeau.

Dans sa dernière expérience, l’équipe a entraîné des chèvres à retirer le couvercle d’une boîte pour recevoir une récompense. Pour le test final, ils ont rendu la boîte impossible à ouvrir et ont enregistré la réaction des chèvres.

Les chèvres perplexes se sont tournées vers leurs propriétaires, manifestement à la recherche d’aide pour obtenir la friandise. Il a également été noté qu’elles regardaient plus longtemps dans la direction de la personne conduisant l’expérience lorsque celle-ci les regardait que lorsqu’elle détournait le regard.

L’étude a été menée dans le Kent, au Buttercups Sanctuary For Goats (sanctuaire pour chèvre).